Le Poids Emotionnel de la Recherche d’une Mère Porteuse : l’impact Emotionnel pour les Couples LGBTQIA+ en Quête de Parentalité

Par Dre Arielle Buch-Frohlich, D.Psy. | Psychologue et fondatrice de la Clinique Anna & Salomon : Santé sexuelle et conjugale.

Pour de nombreuses personnes et couples LGBTQIA+, le chemin vers la parentalité est un parcours complexe, souvent marqué par des choix difficiles, des montagnes russes émotionnelles et des obstacles systémiques bien réels. Pour les futurs parents ayant recours à la gestation pour autrui — particulièrement au Canada, où les cadres juridiques et éthiques sont complexes — le processus peut sembler intimidant. À cela s’ajoute le poids émotionnel lié à la recherche d’une gestatrice compatible — une personne dont les valeurs correspondent aux vôtres, qui est médicalement apte et sincèrement disposée à porter votre enfant. Ce processus déjà exigeant devient alors profondément intime, parfois marqué par un sentiment d’isolement.

À la Clinique Anna & Salomon, nous accompagnons de nombreux couples issus de la diversité sexuelle et de genre dans ce parcours. Le fardeau émotionnel est bien réel, et les répercussions sur la relation de couple sont trop souvent minimisées. Abordons le sujet ensemble.

Une démarche empreinte d’espoir… mais un parcours souvent exigeant

Pour de nombreux couples LGBTQIA+, le choix de recourir à la gestation pour autrui s’accompagne d’un immense espoir. Après des mois — parfois des années — de réflexions sur la parentalité, les finances et les aspects logistiques, cette étape représente souvent un engagement profond et une réelle préparation. Mais cet espoir se heurte rapidement à la réalité : des listes d’attente interminables, un accès restreint aux gestatrices, et le défi de créer un lien avec une personne inconnue qui jouera un rôle à la fois intime et fondamental dans l’histoire de votre famille.

Une préparation rigoureuse, tant émotionnelle que matérielle, n’élimine pas pour autant le sentiment de vulnérabilité face à une démarche sur laquelle on exerce peu de contrôle. Il est courant de ressentir un mélange d’anticipation, de deuil, de jalousie (surtout lorsqu’on voit d’autres personnes concevoir facilement) et de frustration face à la rareté des gestatrices disponibles. Cette réalité peut être d’autant plus marquée pour les couples issus de la diversité sexuelle et de genre, qui ont parfois l’impression de devoir se « justifier » auprès des gestatrices potentielles ou de faire face à des formes d’exclusion plus subtiles.

Les répercussions sur la relation de couple

1. Tensions dans la communication

L’intensité de ce parcours met souvent en lumière des façons différentes de faire face aux épreuves. L’un des partenaires peut ressentir le besoin d’analyser chaque détail, tandis que l’autre se referme ou se concentre excessivement sur les tâches à accomplir. Ces différences peuvent créer des malentendus et provoquer des disputes récurrentes.

2. Fatigue décisionnelle

Chaque étape demande son lot de décisions : choisir entre une agence ou une entente indépendante, privilégier des options locales ou internationales, comprendre les implications juridiques, sélectionner une clinique de fertilité, ou encore déterminer les critères liés au choix d’un·e donneur·se. L’accumulation de décisions complexes, sans réponse parfaite, peut affaiblir la confiance mutuelle du couple et éroder leur sentiment de maîtrise du parcours.

3. Pressions financières et émotionnelles

La gestation pour autrui, même lorsqu’elle est altruiste, entraîne des coûts importants — tant sur le plan financier qu’émotionnel. Il n’est pas rare que des tensions financières surgissent au sein du couple, surtout si un partenaire contribue davantage ou si les coûts liés aux transferts d’embryons répétés ou aux ententes échouées s’accumulent. Ces pressions ont souvent pour effet de faire remonter à la surface des blessures anciennes ou des enjeux relationnels encore non résolus.

4. Douleur silencieuse et isolement

Les couples LGBTQIA+ peuvent déjà être en proie à un deuil lié à la fertilité, celui de ne pas pouvoir avoir d’enfant biologiquement ensemble ou celui de voir leur parcours vers la parentalité fortement médicalisé et exposé au regard des autres. Il y a aussi une solitude silencieuse et persistante : peu de gens comprennent vraiment ce que c’est que d’attendre de trouver une mère porteuse alors que vos amis avancent dans leur parcours vers la maternité sans difficulté apparente.

Rester proches dans l’épreuve

Malgré les difficultés, de nombreux couples constatent que cette expérience les rapproche davantage. Lorsqu’elle est accompagnée de respect mutuel et d’un dialogue ouvert, la vulnérabilité inhérente à ce parcours peut devenir un facteur de rapprochement et de consolidation du lien conjugal.

Voici quelques approches thérapeutiques mises en place à la Clinique Anna & Salomon pour accompagner les couples tout au long du processus de gestation pour autrui :

  • Légitimer le deuil Il est normal d’avoir du chagrin quand le parcours vers la parentalité prend une tournure imprévue. Le deuil et l’espoir peuvent coexister.

  • Prenez régulièrement le temps de vous parler sincèrement. Ne présumez pas de la façon dont votre partenaire vit les choses. Une simple question comme « Et toi, comment vis-tu tout ça en ce moment ? » peut ouvrir la porte au dialogue.

  • Partagez la charge émotionnelle et organisationnelle. Répartissez les rôles de façon équilibrée. Même si l’un des partenaires est davantage impliqué dans les aspects logistiques du quotidien, il est important que chacun reste présent sur le plan émotionnel.

  • Trouvez un accompagnement respectueux et affirmatif de votre identité. Qu’il s’agisse d’un conseiller en fertilité, d’un thérapeute ou d’un groupe de personnes vivant des réalités similaires, entourez-vous de professionnels et de communautés qui reconnaissent et valident pleinement votre identité et votre vécu.

    Vous n’êtes pas seul·e.

    Si vous êtes en plein cœur de ce parcours et que vous vous sentez dépassé·e, sachez que vous n’êtes pas seul·e — et que vos émotions sont légitimes. À la Clinique Anna & Salomon, nous nous engageons à accompagner les personnes et les couples LGBTQIA+ dans leur parcours à l’intersection de la fertilité, de l’identité et du bien-être relationnel. Ce processus ne consiste pas seulement à fonder une famille, mais aussi à préserver le lien qui vous unit tout au long du parcours.

    Nous reconnaissons pleinement ce que vous traversez. Nous sommes là pour vous accompagner.

    Avec toute notre bienveillance,

    Dre Arielle Buch-Frohlich, D.Psy.

    Psychologue et fondatrice,

    Clinique Anna & Salomon : Santé sexuelle et conjugale

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